En relisant « Vivre me tue »

 

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Hommage à Jack-Alain Léger…

Cette nuit j’ai relu Vivre me tue, paru en 1997, (l’année où j’ai publié mon premier roman, « la Gommeuse, histoire d’eau », qui se passe au hammam de la mosquée de Paris ) je ne l’avais pas relu depuis sa sortie.

En seize ans, j’avais presque tout oublié, sauf le portrait féroce et hilarant de la Libraire, « l’Abbesse « , et le frère mourant dans une clinique de luxe, en Allemagne. Je me souvenais vaguement de la polémique à propos de l’auteur, un « clandestin » ? – que personne ne voyait jamais, qui vivait soit-disant au Maroc et fuyait les journalistes. Assez vite, on a su que c’était Jack Alain-Léger, il n’a jamais confirmé.

Et puis il y a huit jours, JAL s’est jeté par la fenêtre du 8e étage, entraînant dans sa chute -et sa rédemption – Paul Smaïl le Magnifique, et j’avoue j’ai pleuré en apprenant la nouvelle, comme cette nuit en relisant « Vivre me tue ». J’ai toujours eu un grand faible pour les écrivains reconnus qui se glissent dans la peau d’un autre et écrivent sous pseudo : Gary/Ajar – JAL/Smaïl.

Jack-Alain Léger (de son vrai nom Daniel Théron) est mort à l'âge de 66 ans.
Jack-Alain Léger (de son vrai nom Daniel Théron) est mort à l’âge de 66 ans.

Dans les deux cas, deux romans magnifiques, « frais » comme disent les jeunes, où éclatent le mot VIE, et deux juifs d’un certain âge qui se glissent dans la peau d’un jeune « arabe » – un enfant, un éternel étudiant. En refermant « Vivre me tue », les yeux mouillés, j’ai pensé à Jean Genêt et à son amant palestinien, suicidé, et au texte que Genêt écrivit : « le captif amoureux ».

Je n’ai rien d’autre à dire, lisez, relisez Vivre me tue, pour saluer Paul Smaïl, envolé cet été.

Lisez, riez, pleurez… bel été – même si parfois l’été nous tue.

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Sur le même sujet :

Jack-Alain Léger : Tartuffe se tue en plein ramadan (Rue 89)

Jack-Alain Léger, grand écrivain maudit, s’est donné la mort (Le figaro)

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Bibliographie d’Elise Fontenaille

Romans
1997 : la Gommeuse, Grasset, arrivée par la poste
1999 : le Palais de la Femme, Grasset
2001 : Demain les Filles ont va tuer papa, Grasset
2002 : L’Enfant Rouge, Grasset
2006 : Brûlements, Grasset.
2007 : Unica, Stock
2008 : L’Aérostat, Grasset
2008 : Unica au Livre de Poche
2009 : Un koala dans la tête, Rouergue
2009 : Chasseur d’orages, Rouergue, 2009
2010 : Les disparues de Vancouver, Grasset
2010 : L’été à Pékin, Rouergue
2010 : La cérémonie d’hiver, Rouergue
2010 : La reine des chats, Rouergue
2011 : Le garçon qui volait des avions, Rodez, France, Éditions du Rouergue, coll. « DoAdo », 2011
2011 : L’homme qui haïssait les femmes, Paris, Éditions Grasset & Fasquelle, 2011
2011 : Le Palais de mémoire, Paris, Éditions Calmann-Lévy, 2011,
2011 : Le soleil et la mort, Paris, Éditions Grasset & Fasquelle, coll. « Lampe de Poche », 2011
2011 : Les poings sur les îles, ill. de Violeta Lopiz, Rodez, Éditions du Rouergue

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Elise Fontenaille
Elise Fontenaille est écrivain, auteure de plus de vingt romans dont « Les disparues de Vancouver » (2011), pour lequel elle a obtenu le prix Erckmann-Chatrian.
Elise Fontenaille

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