Deux envoyés spéciaux de RFI enlevés et tués à Kidal

Samedi 2 novembre, le Quai d’Orsay a confirmé la mort de Claude Verlon et de Ghislaine Dupont, envoyés spéciaux au Mali pour RFI, enlevés à Kidal, ville du nord du Mali. Ce soir, Radio France International est sous le choc de la tristesse et de la colère.

Ghislaine Dupont et Claude Verlon auraient été enlevés dans l’exercice de leurs fonctions

Selon RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été enlevés dans l’exercice de leurs fonctions par des hommes armés à 13H00 (locales et GMT) devant le domicile d’Ambéry Ag Rhissa, un représentant du Mouvement national de libération de l’Azawad (PMNLA, rébellion touareg) qu’ils s’apprêtaient à interviewer. Ag Rhissa «a entendu un bruit suspect, des coups de crosse portés sur le véhicule» des reporters. «Il a entrouvert sa porte et a vu les ravisseurs embarquer les journalistes dans un véhicule 4X4 beige». Selon le récit qu’a livré ce témoin à RFI, les ravisseurs parlaient tamachek (la langue des Touareg). Ils ont ensuite «sommé M. Ag Rhissa de rentrer chez lui et ont forcé le chauffeur des journalistes à se coucher à terre». Ce dernier a «entendu Claude Verlon et Ghislaine Dupont protester et résister. C’est la dernière fois que les journalistes ont été vus».

Pour Informer, les reporters avaient pris le risque d’aller jusqu’à Kidal

Les journalistes avaient pris un risque en cherchant à gagner Kidal, dans le but d’entrouvrir le jour sur le mouvement de libération Touareg au Mali. Selon une source gouvernementale relayée par l’AFP, les troupes françaises présentes dans le cadre de l’opération Serval avaient refusé de prendre la responsabilité de leur acheminement vers cette zone de tension. Il faut garder à l’esprit que l’opération Hydre, qui a débuté le 20 octobre, se poursuit. Cette opération conjointe et coordonnée est conduite de part et d’autre de la boucle du Niger par plusieurs centaines de militaires des FAMA, de la MINUSMA (la Mission de l’ONU au Mali) et de Serval. Son objectif est de « maintenir la pression sur les groupes terroristes », principalement AQMI. La force Serval aurait du t-elle accompagner les reporters de la radio publique française ? L’armée va t-elle être amenée à ré-envisager sa relation à la presse ? Par exemple, comment seront dorénavant traités les journalistes qui viendront couvrir l’opération Hydre ?

En rejoignant un convoi de la Minusma, qui continue à accepter des journalistes, les deux reporters ont tenu à conduire leur investigation au risque de perdre leurs jours. Mais, ils l’on fait, dans le souci de « donner la parole à toutes les parties », qui fut toujours celui de Ghilaine Dupont. « Elle nous encourageait à aller toujours plus loin », rappelle ce soir Nicolas Champeaux, journaliste à RFI, sur le site de la chaîne d’information. Aller plus loin. Au sens propre et au sens figuré. Suivre la voie.

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Ce soir, la présidente de RFI, Marie-Christine Saragosse, a exprimé à l’antenne :  » On ne va pas se laisser fermer le bec par des barbares. »
Ce qu’informer veut dire.

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A nouveau, la voix de Madame Saragosse : « Nous pensons que la liberté d’informer est un acquis, dans bien des pays, c’est une conquête. »

Pour que l’on se rende compte du travail réalisé par Ghilaine Dupont.
→ A (RE)LIRE : Les reportages de Ghislaine Dupont et Claude Verlon à Kidal, en juillet 2013 http://www.rfi.fr/afrique/20130724-exclusivite-rfi-nos-reportages-kidal

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Clara Schmelck
Clara-Doïna Schmelck, journaliste, philosophe des médias. Rédactrice en chef adjointe d'Intégrale - est passée par la rédaction de Socialter ; chroniqueuse radio, auteur, intervenante en école de journalisme et de communication (Celsa ...).

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