La candidate UMP à la mairie de Paris découvre à sa manière le métro parisien, ce «lieu de charme à la fois anonyme et familier» où s’immiscent quelques infimes «moments de grâce». Une promenade bucolique qui vaut bien un ticket à quatre euros !
Le métro, le temps d’un voyage
D’une verve enchanteresse, Nathalie Kosciusko-Morizet déclamait ce matin au magazine Elle un vibrant éloge du métropolitain parisien. Les lignes parallèles des wagons souterrains laissent libre voyage aux destins qui s’y croisent. Et l’on se plaît à voir sous le jour qui se cache la grâce suspendue aux essieux d’une rame. Ces philippiques semblent tout droit tirées de la prose de Fulgence Bienvenue, qui, en 1898, avait eu besoin de draper le progrès de la technique dans l’étoffe éternel du lyrisme pour justifier du chantier qui allait éventrer la capitale de larges tranchées ingrates.
Sauf que nous sommes en 2013, et que les transports en commun ne sont plus une possibilité, ni d’ailleurs une option, mais une contrainte qui s’impose à tous les actifs parisiens. L’usage des transports doit répondre efficacement aux exigences des déplacements professionnels. Le discours politique à ce sujet doit être pro, lui aussi. Gestionnaire. Technique. Visionnaire.
Une erreur de communication qui peut coûter cher à la droite parisienne
Les rames sont congestionnées, la majorité des stations souffrent d’insalubrité, la plupart des lignes restent très lentes. Comparé aux infrastructures scandinaves ou allemandes, le réseau parisien est délabré, et vivote sur une conception de l’espace dépassée. On aurait aimé que Marie-Antoinette s’exclame d’indignation devant cette pissotière à ciel confiné, pour promettre de changer le fruit pourri en carrosse.
La candidate UMP aux municipales de mars se serait alors distinguée d’Anne Hidalgo, qui, du fait de son habitude à prendre les transports en commun, ne fait pas la mijaurée. Et tolère peut-être trop l’état lamentable de l’infrastructure RATP.
Mais, notre candidate UMP s’est sentie obligée de faire oublier qu’il y a quelques mois encore, elle aurait déboursé quatre euros pour s’offrir ce charmant trajet en métro. Il faut considérer son sursaut de lyrisme comme une tentative de rédemption…intéressée. Le temps d’une campagne, NKM était prête à quitter la haute pour descendre à la rencontre de ce bas peuple qui s’affaire sous la terre.
Les réseaux sociaux ont dores et déjà prié la candidate de se rhabiller. Sur la question des transports, les Parisiens attendent un discours qui éléctrifie le déjà-dit. Du 720 volts. La droite avait une voie toute tracée. Avec cette nouvelle erreur de communication, NKM vient de l’obstruer.
Derniers articles parClara Schmelck (voir tous)
- Médiapart : Edwy Plenel passe la main - 15 mars 2024
- Argentine : fermeture brutale de Telam - 4 mars 2024
- Arrêt sur photo : l’enterrement d’Alexeï Navalny - 2 mars 2024
- Cnews respecte t-il le pluralisme ? - 13 février 2024
- « Je sais que je ne suis pas » : entretien avec ChatGPT4 - 9 septembre 2023