Voyant certaines oeuvres culturelles contemporaines comme autant de relais de la propagande pour « l’idéologie du genre », des groupes de pression intégristes déshabillent le corpus de la littérature jeunesse, et voudraient priver d’écran des programmes télévisuels pourtant autorisés par le CSA. Jeudi 19 février 2014, Civitas visait le film Tomboy, présenté par Arte.
Tomboy dans le collimateur de Civitas
Le18 février, « Institut Civitas » avait exercé une pression en utilisant tous les leviers possibles pour annuler la diffusion du film Tomboy, programmé ce mercredi 19 février sur Arte. Le groupe intégriste, s’auto-désignant alors institut national de l’audiovisuel, avait tenté de persuader tous azimuts que le long métrage de Céline Sciamma – l’histoire de Laure, 10 ans, qui fait croire à ses proches qu’elle est un garçon, servait “la propagande pour l’idéologie du genre”.
La bande annonce du film :La bande annonce de Tomboy, 2011
Télérama suggérait alors avec ironie que soit censurée toute une batterie de programmes, dont Mad Men, programmé le jeudi à 23h05 par Canal+. Pétrie de propagande progressiste ostentatoire, » cette série s’obstine à présenter sous un jour néfaste cette merveilleuse époque des sixties où chacun(e) était à sa place. » (Télérama, 19/02/14)
La perspective de la censure boosterait les programmes
Mercredi, 1,4 million de téléspectateurs ont visionné Tomboy, ce qui représentait 4,9% de part d’audience pour la chaîne franco-allemande. » Arte peut remercier Civitas « , ironisait Télé Obs. (Télé Obs, 20/02/14). Toutefois, aucune preuve ne révèle pour l’instant un lien de cause à effet entre les insistances du groupe extrémiste et l’audience générée par le programme présenté.
On peut tout de même se demander si le spectre de la censure, que l’on croyait appartenir à un passé obscur, ne stimule pas la curiosité de téléspectateurs souvent rompus au persiflage désabusé du petit écran.
Merci Civitas ? Non. Merci Arte, et toutes les chaînes qui ont l’audace de proposer ordinairement des films et des émissions à l’instar de Tom Boy, quand bien même leur audience ne les flatte pas de sa vigilance d’esprit.
Clara Schmelck
Emilie Rached
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