Que donnent « Les données du Monde » ?

« La data comme format journalistique est un vrai format d’avenir. Son rôle dans l’éditorial va devenir aussi important que peut l’être le reportage ou l’investigation » assure Marc Bronner, directeur de la rédaction du Monde, justifiant ainsi l’intérêt du lancement par Le Monde d’une nouvelle offre éditoriale tournée vers la data, à l’approche des élections régionales en France.

36 000 communes décryptées en données et chiffres. 

Que donnent « Les données du Monde« , la nouvelle rubrique en ligne depuis quelques jours, et murie plus d’un an en interne ?

Conçue en responsive, la rubrique est consultable avec un confort de lecture identique sur chaque terminal de lecture : mobile, tablette ou ordinateur. Des schémas et des graphiques visent à faciliter la lecture.

A l’approche des élections régionales, les internautes peuvent trouver pour la commune, le département ou la région de leur choix : les données sur la population (pyramide des âges, courbe des naissances et des décès), sur le logement, l’emploi, les revenus… mais aussi des données politiques : les élus et les résultats de vote des élections présidentielles, départementales, régionales, législatives et municipales depuis 2002.

« Nous allons pousser ces pages fortement au moment des prochaines échéances régionales en décembre prochain puisque c’est un moment où les audiences du Monde sont très importantes. », précise Luc Bronner, interrogé par CB News.

Data journalisme assumé 

Dans un second temps, de nouvelles données seront agrégées et mises en forme, dans l’ensemble des secteurs susceptibles d’intéresser les lecteurs du journal. Au moyen d’un moteur de recherche, les sujets qui seront traités dans l’actualité pourront renvoyer à chaque fois vers ces données, enrichissant ainsi l’article. D’où l’intérêt que constitue le dispositif sur un plan éditorial, selon les représentants du journal.  « Le traitement de ces nouvelles données permettra de réaliser des analyses exclusives et de proposer ainsi à nos lecteurs des éclairages inédits. » explique le groupe Le Monde dans un communiqué.

Du data-journalisme assumé, en somme, car il est bien question du traitement des données et non de leur collecte. L’argument se résume ainsi : les robots ne prennent pas la place de rédacteurs en chair et en os chargés de collecter et de hiérarchiser les données, mais au contraire, ils permettent à de véritables journalistes de bénéficier d’un volume exceptionnel de sources pour travailler dans le détail de l’analyse. Autrement dit, les robots pourvoient davantage de matière que les humains n’en sont capables de donner.

« Tiens, retour (bien après les cantonales) sur les robots rédacteurs de @syllabs intervenant pour @lemondefr« , note le journaliste Julien Le Bot sur Twitter. « Pour une partie de ces données, nous travaillerons avec des algorithmes (…) qui vont nous permettre d’écrire automatiquement les textes. Ces textes seront bien sûr revus par des journalistes. Les textes sont partis écrits à l’origine par des journalistes et on travaille ensuite sur les algorithmes. », veut rassurer Luc Bronner au sujet  des petites mains de fer qu’on appelle « robots-journalistes » ou « robots rédacteurs ».

Pour Le Monde, le data-dispositif éditorial mis en place à l’occasion des régionales fait office d’exercice de répétition générale avant le scrutin présidentiel de 2017.  Le journal du soir entend bien devancer les médias concurrents sur l’analyse « data-orientée » des enjeux du scrutin. Avec pour ce faire, encore davantage de robots à l’oeuvre.

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Clara Schmelck
Clara-Doïna Schmelck, journaliste, philosophe des médias. Rédactrice en chef adjointe d'Intégrale - est passée par la rédaction de Socialter ; chroniqueuse radio, auteur, intervenante en école de journalisme et de communication (Celsa ...).

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