En 1997, le producteur de la fameuse comédie « La vie est un long fleuve tranquille » lançait à Madagascar « École du Monde », un écosystème basé autour de la construction d’infrastructures scolaires en zone de brousse. Coup de projecteur sur un projet humain qui fête ses 20 ans en mai.
« Madagascar n’est pas une zone de conflit, enfin presque ! » sourit Charles Gassot, un grand bonhomme qui nous reçoit dans un bureau parisien visité par le soleil : « il y a les feux de brousse, qui, durant la saison sèche (d’avril à novembre), provoque la disparition de centaines de milliers d’hectares de forêts et de collines et brûlent des bâtiments. Autant dire que pour une ONG d’infrastructures destinées à la scolarisation des enfants de brousse, les feux représentent l’ennemi n°1.
En 2017, Écoles du Monde inaugure son école pilote dans le village de Besely, au Nord-Ouest de Madagascar. Ce site regroupera, à la fois des écoles maternelle et primaire, et un ensemble d’infrastructures (théâtre, terrain de sport, bibliothèque…).
Ecosystème
Dans un premier temps, le producteur a convaincu des entreprises, à l’instar de Veolia, de l’aider à construire les premiers puits destinés à fournir de l’eau potable, condition indispensable pour bâtir une première école primaire à Maromiandra, près de Majunga, ainsi que les infrastructures nécessaires à son fonctionnement : un château d’eau, un bloc sanitaire équipé de douches et toilettes, des puits, une maison pour les instituteurs, une infirmerie et une bibliothèque. « Une école en brousse, c’est tout un éco-système : l’enseignement, pour être durable, passe aussi notamment par la mise en place de programmes de sensibilisation à l’environnement et de formation à l’agriculture, explique Charles Gassot.
Aussi, l’assiduité des enfants à l’école passe par la sécurité alimentaire des villages : Écoles du Monde a donc mis en place des rizicultures scolaires destinées à former les élèves aux techniques les plus performantes, qu’ils pourront transmettre à leur famille et par ce biais, à l’ensemble du village. Sur la plupart des sites, d’autres projets s’ajoutent à la riziculture : jardins potagers et plantation d’arbres fruitiers.
Bilan sur 20 ans : 15 écoles, 160 puits, 5 dispensaires et 1000 hectares d’arbres plantés. « Nous avons réussi la sédentarisation en brousse de 30 000 villageois sur 15 sites, dont certains avaient été dépeuplés, et la scolarisation de plus de 12 500 enfants en écoles maternelle et primaire. L’ONG a également construit plus de 160 puits et 20 châteaux d’eau, créé 5 dispensaires, permis le reboisement de plus de 1000 hectares d’acacias, et s’attache depuis 2014, à accompagner la scolarisation, dans le collège et le lycée publics de la ville de Majunga, des élèves issus des villages de brousse. » détaille le fondateur de l’association.
En France, il peut s’appuyer sur une équipe de 6 bénévoles et une salariée, basée à Paris, et sur des associations antennes à Semur-en-Auxois, Dijon, Lusignan Petit, Le Mans qui se sont créées pour soutenir l’action d’EDM. L’équipe de l’ONG à Madagascar, installée à Majunga, comprend 7 salariés malgaches qui assurent le suivi des projets de l’association, dont Marie-Claire Ramanampisoa, ambassadrice d’EDM aux côtés de Charles Gassot. Cette équipe travaille en lien avec des agents de terrain : enseignants, médecins, sages- femmes, infirmières, agents de maintenance, agents agricoles.
« Le plus difficile est de former durablement des enseignants et du personnel qualifié issus du vivier local« , explique Charles Gassot à Intégrales. Pour ce faire, le producteur mise sur la génération à venir : certains anciens élèves sont déjà devenus des professeurs.
______________________________________
Toutes les infos pratiques pour soutenir le projet.
Les besoins pointés par Écoles du Monde en matière de compétences bénévoles : médecins, infirmières, dentistes, ophtalmologistes, pédagogues de la petite enfance, instituteurs, professeurs d’arts plastiques, ingénieurs agronomes, spécialistes en énergie et en eau ou stylistes et musiciens. L’ONG les accueille de mars à décembre, pendant la période sèche (les bénévoles voyagent par leurs propres moyens et sont pris en charge sur place). Concernant les dons matériels : des cahiers d’éveil pour la petite enfance, des cahiers de coloriage, des cahiers de vacances du niveau primaire et des jeux d’échecs.


Derniers articles parClara Schmelck (voir tous)
- L’UE veut mieux protéger les espaces informationnels démocratiques - 1 juin 2023
- Liberté de la presse : le « Projet Rafael » de Forbidden Stories - 5 mai 2023
- La crise de la communication militante - 1 mai 2023
- Rima Abdul Malak interpelée à la nuit des Molières - 25 avril 2023
- Et cette image, est-ce une IA ? - 16 avril 2023