La presse française en pleine crise de confiance

Cette semaine, la presse française a donné une image peu reluisante d’elle-même aux Etats-Unis, alors que le président Obama recevait son homologue à la Maison Blanche. Cette piètre ambassade n’arrange rien à la crise de confiance que subissent les médias français à l’intérieur de l’hexagone.

Presse frivole et journalistes infantiles

Lorsque les plus grands journaux se sont épris des frasques du président Hollande et de la supposée liaison entre Obama et la chanteuse Beyoncé, l’Amérique s’est étonnée de l’effrayante frivolité dont faisait preuve la presse française.

Puis, il y’eut ce moment gênant où la French légèreté est devenue franchement lourde :  les selfies de Thomas Wieder et de ses camarades de voyage dans le bureau Ovale auront renvoyé l’image d’un groupe de gosses immatures, qui n’ont aucune notion du protocole. Les grands titres américains n’ont pas manqué de pointer ce manque patent de professionnalisme.  » Les reporters français semoncés pour leurs Selfies au sein du Bureau Ovale », titrait NBC News le 12 février.

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Le French Medias Bashing  : du bureau ovale à Libé

Et voilà que sur les réseaux sociaux, la presse française passe pour une farce. Le French Media bashing est né, alimenté grassement par des Français eux-mêmes. Lundi 10 février, le quotidien historique Libération, alors en pleine crise interne, a invité ses lecteurs à dialoguer sur l’avenir du journal, donnant lieu à des réactions virulentes à l’endroit des salariés du quotidien. imageDu dépit au dédain outrancier, la glissade est rapide. Intellectuels au siècle dernier, les journalistes français, vaniteux, incontinents et de surcroît diablement conservateurs, feraient mieux de se convertir en tenanciers de bistrots. Selon un sondage réalisé pour le journal La Croix en janvier 2014, seuls 33% des français interrogés affirmaient faire confiance aux médias.

Les lauréats du prix Lagardère félicités par Aurélie Filippetti

En assistant à la cérémonie de remise du prix Lagardère, qui se tenait jeudi 13 février, la ministre de la culture et de la communication, Aurélie Filippetti, est venue rappeler que l’excellence journalistique existait bel et bien dans la presse française. Dans un tweet, elle a de nouveau félicité Jean-Philippe Rémy, récompensé pour l’ensemble de ses reportages sur la situation syrienne parus en 2013. Le jury a également distingué le photographe qui l’accompagnait sur le front en Syrie, Laurent Van der Stockt. Sans leur travail d’investigation, le grand public français n’aurait rien su de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie.

Une invitation à découvrir  « Au Soudan du Sud, les visages de l’horreur« , réalisé par Jean-Philippe Rémy et Laurent Van der Stockt. Le reportage était paru dans Le Monde le 04/02/14, au moment où affubler les noms propres du suffixe « — gate » allait devenir une manie sur les réseaux sociaux.

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Clara Schmelck
Clara-Doïna Schmelck, journaliste, philosophe des médias. Rédactrice en chef adjointe d'Intégrale - est passée par la rédaction de Socialter ; chroniqueuse radio, auteur, intervenante en école de journalisme et de communication (Celsa ...).

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