Barakat : et maintenant quoi ?

 

E     N     T     R     E     T     I     E     N

Plus de deux mois après le lancement de leur mouvement spontané né sur les réseaux sociaux, les militants de Barakat affirment ne pas vouloir fléchir ni même réduire le tempo, puisqu’ils appellent à de nouvelles manifestations et qu’ils présenteront bientôt leur nouvelle plateforme politique, fruit de plusieurs semaines de réflexion. La réélection d’Abdelaziz Bouteflika à un quatrième mandat en tant que chef de l’état en Algérie étant désormais acquise, Barakat explique vouloir s’inscrire dans l’inconscient collectif des Algériens et agir là où le système peine à mobiliser : dans la rue. Entretien avec deux membres actifs de cette plateforme citoyenne.

Intégrales Productions :

« Avec la réélection de Bouteflika, ne craignez-vous pas que les Algériens se désolidarisent de votre mouvement ? »

Bouzid Ichalalene, Barakat :

« Pour la réélection de Bouteflika, le mouvement Barakat a bien précisé dans son texte fondateur et ses différentes déclarations politiques, que nous rejetons les élections car elle ont été organisées par le même système et les résultats étaient connus d’avance. Concernant le peuple, nous avons pu constater qu’il est encore plus solidaire avec nous après les élections qu’avant. Nous avons pu constater que Barakat est devenu un mouvement que tous les citoyens et mouvements en Algérie sollicitent pour leurs problèmes. Au début du mois de mai, nous avons participé a une action organisée par un mouvement des travailleurs (le 1er mai), et le 3 mai, nous avons été violemment empêchés de déposer une gerbe de fleur sur la stèle de la place de la liberté de la presse, à Alger. Notre combat s’inscrit sur le long terme et nous envisageons de nous rapprocher au plus prêt du citoyen qui est marginalisé (sdf, mendiant, etc.). Nous devons faire un énorme travail de sensibilisation pour que le citoyen algérien puisse comprendre que le système est entrain d’acheter la paix sociale. Nous avons une plateforme politique qui sera rendue publique prochainement et qui permettra au peuple algérien de bien comprendre nos ambitions. »

Bouzid Ichalalene (ici à gauche) est l’un des membres actifs du mouvement Barakat

Intégrales Productions :

« Allez-vous continuer à appeler à des manifestations malgré tout ? »

Bouzid Ichalalene, Barakat :

« Oui, nous allons continuer à appeler à des actions de rue et ne nous tairons pour rien au monde, tant que ce système sera en place. »

SidAli Kouidri Filali est l’un des principaux fondateurs du mouvement Barakat

Intégrales Productions :

« Considérez-vous que les diplomaties occidentales -parmi lesquelles la France- se sont rendues complices en félicitant Bouteflika pour sa réélection ? »

SidAli Kouidri Filali, Barakat :

« Tout cela me rappelle les réactions de ces mêmes diplomaties après les réélections de Moubarak et de Ben Ali, elles faisaient la meme chose, et elles sont en train de comettre la meme erreur avec l’algerie. On a besoin de la bénédiction d’aucune chancellerie, la question est algéro-algérienne, mais venant de pays où la démocratie est un acquis chèrement payé, c’est triste a constater. Celui qui ne dit rien face à ça, est forcement complice. »

Entretien réalisé par téléphone ce dimanche 4 mai.

Voir aussi : 

Algérie, une jeunesse sans printemps (reportage de Farouk Atig et Yacine Benrabia diffusé dans l’émission Arte Reportage, début avril)

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Farouk Atig
Farouk Atig, ancien grand reporter, conférencier et enseignant, dirige Intégrales

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