– DOSSIER SPECIAL IRAK/SYRIE –
Le 10 Juin 2014, la faction irakienne de l’EIIL a pris Mossou ainsi que la plupart de la province environnante de Ninive. Le lendemain, l’Etat avançait vers le sud de Bagdad, la capitale, en prenant plusieurs villes sur le chemin. En 2014, les djihadistes entendent conquérir aussi un nouveau territoire : celui de l’internet.
Une stratégie de conquête qui s’étend au net
EIIL, qui est à l’origine un groupe sunnite ultraradical, a fait de la guérilla des images l’un des pivots de sa stratégie de conquête : conquérir l’internet, à coups de salves d’images sur les réseaux sociaux, les blogs, les sites groupusculaires d’arrière cour : autrement dit, s’emparer des terrains où l’info pousse et peut grossir sans le tuteur de la vérification des faits.
A cette fin, l’EIIL possède ses propres agences de communication, notamment Al-Fursan Media Production et l’agence Itisam. Al-Fursan a produit en mai 2014, un film de propagande intitulé Le choc des épées IV, et largement diffusé sur les sites internet appartenant à des sympathisants du djihad irako-syrien. Images aériennes, explosions au ralenti, rafales : en vue subjective, la cruauté de l’EIIL est glorifiée en pugnacité.
Des comptes Twitter de Djihadistes suspendus
Des dizaines d’images montrant des hommes humiliés par la peur et la douleur ont été publiées, samedi 14 juin, sur Twitter, depuis un compte considéré comme proche de l’Etat islamique en Irak et au Levant, àprésent suspendu par le ministère de la communication irakien. Cette semaine, l’accès aux réseaux sociaux et de nombreux comptes Twitter et Facebook de membres qui ont donné écho aux faits d’armes du groupe EIIL ont été suspendus.
Le réseau social, un puissant vecteur de propagande
Le réseau social, en se faisant le perpétuel relais de clichés non analysés, devient la chambre d’enregistrement de cette ignorance collective rétive à tout effort d’analyse. Le média participatif rassemble une population prête à ramasser n’importe quel cliché, pourvu qu’il paraisse s’accorder à l’actualité.
A la faveur de l’audience dont jouissent les sites communautaires, de tels échafaudage ont haussé au même degré de visibilité ces images de propagande que les investigations documentées publiées par la presse internationale au sujet de la question islamiste en Irak et en Syrie. Une illusion d’optique qui n’est pas sans présenter quelque danger pour la formation de l’opinion publique locale. Et internationale.
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