EXCLUSIF. Une semaine avec les djihadistes syriens

Nos deux reporters ont vécu le quotidien de plusieurs brigades djihadistes dissidentes de l’État islamique, mais qui revendiquent les mêmes objectifs et utilisent les mêmes méthodes.

– Retrouvez l’intégralité de ce reportage exclusif dans les colonnes du JDD

Depuis l’entrée en territoire syrien par la Turquie, le poste de radio dans la voiture diffuse des éloges coraniques cadencés par une musique tonitruante. Les couplets sont repris en chœur par l’escorte composée de combattants djihadistes à la mine patibulaire. Une quinzaine de barrages battant pavillon noir se succèdent sur la route avant d’arriver trois heures plus tard à Haritan, base arrière du groupe Jaich Al-Mouhajirine wal Ansar (« armée des émigrants et partisans »). Affiliée un temps à l’État islamique et labellisée « terroriste » par le département d’État américain, la formation a depuis pris ses distances avec l’EI.

Photo exclusive F.A/Y.B Intégrales Productions, pour le JDD
Photo exclusive F.A/Y.B Intégrales Productions, pour le JDD

Jour 1

Après le dîner, encore quelques heures de route pour rejoindre les quartiers sud d’Alep. À cette heure, les artères de l’ancien poumon économique de Syrie sont vides. Le maître des lieux reçoit dans son quartier général, une école saccagée par les bombes. Entouré de sa garde prétorienne, Abou Mohammed Al-Halapi est un quadragénaire d’un naturel rieur à la barbe opulente. Il porte en permanence un gilet pare-balles, une kalachnikov et une discrète paire de lunettes. L’organisation qu’il a fondée il y a quelques mois compterait déjà plus d’un millier d’hommes, rien que dans le secteur très stratégique d’Alep. « Parce qu’il était nécessaire de prendre notre envol et que des divergences fondamentales nous opposaient avec certains de nos anciens camarades, nous sommes convenus de créer plusieurs entités de moudjahidine dont Ansar Al-Aqida, qui officie autant à Alep qu’à Hama, Lattaquié et Idlib, confie-t-il au JDD. Nos combattants sont principalement syriens, mais nous comptons aussi des frères arabes et même des Européens parmi nous. Nous avons perdu beaucoup de nos frères sur le front, à cause des bombardements aveugles du régime et dans les face?à-face avec les chiites ou les brigades ralliées à Bachar El-Assad. Désormais, nos différentes factions collaborent entre elles, avec au moins un but commun avec l’État islamique : faire tomber Bachar El-Assad. Les autres ennemis jurés de notre groupe, ce sont les Américains et Israël. »

Par Farouk Atig et Yacine Benrabia, en Syrie.

* Un documentaire exclusif de 52 minutes produit par Intégrales sur les brigades djihadistes de Syrie sera diffusé au début du mois de septembre sur spicee.com, le site de grands reportages pour tablette et mobile.

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Farouk Atig
Farouk Atig, ancien grand reporter, conférencier et enseignant, dirige Intégrales

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