Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies a annoncé mardi 16 février la mort de l’ancien secrétaire général de l’ONU (de 1992 à 1996), Boutros Boutros-Ghali, à l’âge de 93 ans. Comme le rappelle le quotidien français Le Monde, le diplomate égyptien avait été le premier Africain à accéder à ce poste à la tête des Nations unies. La presse française l’encense, la presse américaine l’enterre.
Né le 14 novembre 1922 au Caire, Boutros Boutros-Ghali était issu d’une famille de la minorité chrétienne copte d’Egypte. Son grand-père avait été premier ministre. Après avoir fait la majeure partie de ses études à Paris, Boutros avait enseigné le droit à l’Université du Caire et publié de nombreux ouvrages traitant des relations internationales.
Nommé ministre d’Etat aux affaires étrangères en octobre 1977, il a eu un rôle à jouer dans la conclusion des accords égypto-israéliens de Camp David (1978), puis du traité de paix (1979). Puis, aux Nations unies, Boutros Boutros-Ghali a dû traiter les conflits en ex-Yougoslavie, en Somalie, au Moyen-Orient et au Rwanda.
Après la mort en Somalie de 18 soldats américains à la fin de 1993 et les atermoiements de l’ONU dans les Balkans et dans la région est-africaine des Grands Lacs, il avait été, de l’aveu même de la presse américaine, le bouc émissaire de Washington. D’ailleurs, son élection à la tête des Nations Unies était due à une l’abstention américaine au Conseil de sécurité.
Un francophile en froid avec les USA
Si la presse américaine, à l’instar du New York Times, se souvient de Boutros-Ghali comme de l’homme qui s’est frotté à Bill Clinton – notamment au sujet de l’intervention des USA en Somalie, et qui n’hésitait pas à faire état de ses difficultés à comprendre la « trouble diplomatie américaine », la presse française semble saluer l’intellectuel francophone et francophile, l’Egyptien devenu après son départ de l’ONU le premier secrétaire général de la francophonie de 1997 à 2002.
Pour sa part, François Hollande, le Président de la République française, a rendu hommage à « cet ami de la France, de sa langue et de ses valeurs », dont « le message doit inspirer l’action de la communauté internationale à l’heure où le Moyen-Orient connaît de nouveaux drames ».
Emery de la Batue
Derniers articles parEmery de la Batue (voir tous)
- Pologne : des médias privés d’opposition ? - 22 février 2017
- Le retour des combattants terroristes - 23 novembre 2016
- Thot, l’école diplomante de français pour élèves en migration - 30 avril 2016
- Boutros Boutros-Ghali : la presse française l’encense, la presse américaine l’enterre - 16 février 2016
- Somalie : deux journalistes incarcérés à la suite d’une émission politique - 6 octobre 2015