Gabon : des médias sous pression

Les affrontements se succèdent depuis l’annonce des résultats de l’élection présidentielle gabonaise hier en fin de journée, à Libreville et à Port-Gentil. Selon les chiffres officiels, le président sortant Ali Bongo a remporté le scrutin avec 49,80% des suffrages juste devant l’ancien ministre, aujourd’hui opposant, Jean Ping qui a obtenu 48,23%. Comme en 2009, la presse nationale est sous pression. 

 

La gestion du processus électoral au Gabon a manqué de transparence, a déclaré la chef de la mission des 73 observateurs de l’Union européenne (UE) lundi à Libreville, à la veille de la proclamation des résultats officiels de la présidentielle à un tour.

403 Forbidden

Le QG du candidat à l’élection présidentielle gabonaise Jean Ping a été pris d’assaut dans la nuit. Jean Ping a trouvé refuge en lieu sûr. C’est la  radio française RFI qui l’a joint tôt ce matin, en exclusivité. RFI avance le chiffre d’un mort et de 16 blessées. De son côté, Jean Ping évoque le décès d’une deuxième personne, ce que RFI n’a ni pu confirmer ni infirmer.

La presse nationale, elle, est restée prudente, préférant les euphémismes au formules enflammées . L’Union a noté « Des coups de gueule de certains compatriotes qui, bien qu’inscrits sur la liste électorale, n’ont pas pu entrer en possession de leurs cartes d’électeurs. Du reste introuvables. » Quant au site Gabon Libre, il est muré dans le silence de l’erreur 403.

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Retour en 2009

Une situation qui n’est pas sans rappeler l’élection du 30 août 2009, où le fils d’Omar Bongo, Ali, avait été élu avec près de 42% des suffrages au premier et unique tour de scrutin. Albert Yangari, directeur de L’Union, avait été interpellé après la publication d’articles sur les événements de Port-Gentil : cet ancien directeur du cabinet privé d’Omar Bongo Ondimba avait été conduit, le 25 septembre, au quartier général des services de renseignements de l’armée et interrogé avant d’être relâché. Il a dû s’expliquer sur une série de reportages, intitulée « Je reviens de Port-Gentil », traitant des troubles post-électoraux qui ont embrasé la capitale économique. A l’issue du scrutin, le signal de TV+, la chaîne appartenant à André Mba Obame, l’ancien candidat à la présidentielle, avait soudain été brouillé. Des hommes en cagoule avaient « mitraillé » ses émetteurs le 30 août.

 

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Clara Schmelck
Clara-Doïna Schmelck, journaliste, philosophe des médias. Rédactrice en chef adjointe d'Intégrale - est passée par la rédaction de Socialter ; chroniqueuse radio, auteur, intervenante en école de journalisme et de communication (Celsa ...).

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