ARRÊT SUR PHOTO
Depuis le décret Trump sur les restrictions du droit d’entrée aux USA visant exclusivement les ressortissants de certains États, Air France a dissuadé 15 voyageurs de s’envoler vers les États-Unis.
Un décret présidentiel entré en application dès sa signature vendredi 27 janvier au soir, interdit l’entrée aux Etats-Unis des ressortissants d’Iran, d’Irak, du Yémen, de Somalie, du Soudan et de Libye pendant une durée de 90 jours. Tous les Syriens sont, quant à eux, interdits d’entrée sur le territoire américain « jusqu’à nouvel ordre. »
Tout le week-end, les passagers dont l’embarquement n’a pas été pris en charge par Air France sont des ressortissants de ces pays. Air France se défend en expliquant que la compagnie avait prévu de prévenir les passagers concernés par courriel ou par SMS sur les nouvelles règles.
Cette photographie, prise ce dimanche matin à l’aéroport parisien Roissy-Charles de Gaulle par la journaliste Julia Vergely, affiche les noms des voyageurs convoqués au comptoir du service client. Telle une double mise en abime, cette image d’une image photographique , légendée du hashtag #MuslimBan, est reproduite – en tant qu’une nouvelle image- sur Twitter pour alerter le monde entier de ce que Trump est en train de faire de la démocratie en Amérique.
Des noms de famille
Les internautes ont ainsi pu immédiatement faire le lien avec le décret #MuslimBan et s’apercevoir qu’Air France stigmatisait littéralement ces voyageurs. Les noms, qui sont lisibles de tous et par tous – puisqu’ils sont des mots hors toute langue , ont une portée universelle. Tout le monde lit et comprend, et soudain, par l’effet du nombre, ce ne sont plus des noms de famille que retient le cadre noir , ce sont des noms arabes.
Le tweet du 29 janvier expose une série de stigmates pixelisés, juste un peu plus distants du corps que ne le fut un insigne sur une veste.
« Vous vouliez savoir à quoi peuvent ressembler les prémices d’un Etat anti-démocratique ? », se sont indignées de nombreuses personnes en reprenant sur leur compte la photographie. Sans doute en stigmatisant ainsi des passagers devenus du jour au lendemain des voyageurs sans visages.
« Mais, voyez-vous, pour un homme sans mémoire, un passé tout entier, c’est trop lourd à endosser en une seule fois« , écrivait Anouilh dans Le voyageur sans bagage. En 1937.


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