RT arrive en France en décembre

Diffusé en continu sur le câble, le satellite et l’ADSL, RT France s’installera à Boulogne non loin des locaux de Canal + et TF1 dans 1.430 mètres carrés de bureaux, et un studio de 100 mètres carrés. Le média russe dit avoir recruté quarante des cinquante journalistes de sa future équipe, qui devrait compter de 100 à 150 personnes au total. Budget du lancement en France : 20 millions d’euros.

Jusqu’à présent, le site arrivé en France à la fin de l’année 2014 revendique près de 2 millions de visiteurs uniques sur le net en France et avance être la première chaîne sur YouTube, devant CNN et Al Jazeera.

« hystérie russophobe »

Mais, estime Xenia Fedorova, CEO de Russia Today France, une « hystérie russophobe » trouble le bon fonctionnement de RT. Le président français, Emmanuel Macron, a reproché à cet organe médiatique de relayer des « Fake News » : fin mai, le Macron s’en était pris lors d’une conférence de presse avec son homologue russe Vladimir Poutine à RT et un autre média pro-Kremlin, Sputnik, leur reprochant de s’être comportés durant la campagne électorale en France « comme des organes d’influence, de propagande et de propagande mensongère », et d’avoir propagé « des contre-vérités infamantes ».

La ligne pro-Kremlin assumée par Russia Today contraste avec une presse française globalement sceptique vis-à-vis du présent russe, ce qui n’a pas échappé à Russia Today. Sur le site de Russia Today France, un article moque les journalistes français qui ont qualifié de propagande un documentaire sur Vladimir Vladimirovitch Poutine. Sur son compte Twitter personnel, Xenia Fedorova relève les articles ou unes françaises qui, selon elles, manifestent un patent manque de distance critique vis-à-vis d’Emmanuel Macron.

Le quotidien français Les Echos rapporte que Selon Xenia Fedorova, « RT France ne donne pas la parole « aux conspirationnistes » et si on accuse les tribunes présentes sur le site d’être toutes écrites par des « amis de la Russie », c’est parce que « les autres ne veulent pas nous parler ni nous laisser une chance. » ».

De surcroît, Xenia Fedorova veut rappeler que RT est une chaîne financée par l’Etat mais que les équipes sont internationales, et compare à cet égard RT à BBC news ou France 24, dont on peut considérer qu’ils sont des instruments du « soft power » français ou britannique. RT apportera un aperçu de la position officielle russe aux téléspectateurs français. Et le problème est bien là : toutes les voix de la Russie ne seront probablement pas portées à l’écran. D’où la réticence de certaines personnalités françaises pourtant russophiles devant le projet de lancement de RT en France, comme Hélène Carrère d’Encausse, qui a démissionné du comité d’éthique de la chaîne.

Ligne éditoriale

La conquête des téléspectateurs français ne se jouera pas seulement sur la réputation sulfureuse de RT, mais aussi sur la ligne éditoriale du média. Jusqu’à présent, RT a souvent pris le parti de relater des faits de violence que les médias « grand public », selon l’expression de sa CEO France, n’osent pas traiter ou alors d’une manière qui serait édulcorée. Il est possible que cette approche soit perçue en France comme « anxiogène », « négative » ou « manquant de nuance ». Au contraire, RT est convaincu que « Les citoyens sont lassés de voir les mêmes sujets, les mêmes récits biaisés, répétés ad nauseam. RT France leur offrira quelque chose de nouveau, et ce faisant, bousculera le paysage médiatique francophone. » (source : communiqué de presse de RT).

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Clara Schmelck
Clara-Doïna Schmelck, journaliste, philosophe des médias. Rédactrice en chef adjointe d'Intégrale - est passée par la rédaction de Socialter ; chroniqueuse radio, auteur, intervenante en école de journalisme et de communication (Celsa ...).

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