Audio-visuel : ce que prépare Franck Riester

Françoise Nyssen l’avait lancée, Franck Riester s’apprête à la concrétiser. La réforme de l’audiovisuel va faire l’objet d’un projet qui devrait être présenté cet automne pour être adopté en janvier 2020.

Mardi 3 septembre, le ministre de la culture, Franck Riester, était invité par l’Association des journalistes médias (AJM) a justifié l’épure de son projet de réforme de l’audiovisuel dans le sens d’une régulation mieux adaptée aux enjeux du numérique.

Télévision et cinéma : un assouplissement des règles

Le ministre de la Culture Franck Riester a accepté d’assouplir les règles en matière de publicité et de cinéma à la télévision. Le ministre de la Culture dit avoir écouté les revendications des acteurs du secteur, notamment les chaînes françaises, qui réclament un assouplissement des contraintes qu’elles sont tenues de respecter, au contraire des plateformes de cinéma à la demande.
Le projet de loi autorisera donc la publicité dite « segmentée » sur les chaînes, la diffusion de pubs géolocalisées, mais sans que les adresses soient diffusées, pour préserver les prérogatives de la presse et de la radio régionales.

Une troisième coupure pub sera autorisée dans les films et téléfilms d’une durée supérieure à une heure et demie sur les chaînes privées. Les chaînes seront ainsi libérées de la contrainte qui les pousse actuellement à attendre au moins 20 minutes entre deux coupures pub.

Les chaînes de télévision pourront désormais diffuser des films quand elles le veulent : le projet de loi mettra fin à l’interdiction des films certains jours et soirs, notamment le mercredi, le vendredi et le samedi (une disposition qui visait à protéger les salles de cinéma mais ne s’appliquait pas aux plateformes de streaming).

Franck Riester a également indiqué que la réforme modifierait les règles en matière d’investissement des chaînes et des plateformes dans la création audiovisuelle et cinématographique, et moderniserait les relations entre producteurs et diffuseurs.

Plateformes : une relation gagnant-gagnant

Netflix, Amazon, HBO… les plateformes de streaming en ligne devront aussi s’engager, estime le ministre de la culture. « C’est gagnant-gagnant », insiste t-il, en expliquant qu’elles seront désormais dans l’obligation de financer la production française, de cinéma ou de série, à hauteur d’au moins 16 % de leur chiffre d’affaires en France. Si elles ne respectaient pas cet engagement, elles ne seraient tout simplement plus disponibles en France. Devant les journalistes de l’AJM, le ministre de la Culture a clairement averti : « S’ils ne le font pas, ils ne pourront plus être disponibles en France »

Institutions : vers un super-CSA

Le ministre souhaite la naissance d’une grande arcade de régulation de l’audiovisuel adaptée au numérique. Il a tranché en faveur d’une fusion entre le CSA (gendarme de l’audiovisuel) et l’Hadopi (autorité de lutte contre le piratage), mais pas avec l’Arcep (gendarme des télécoms).

Une holding supervisant les entreprises de l’audiovisuel public

Membre de la commission des affaires culturelles à l’Assemblée Nationale, Riester avait fortement pris position en faveur d’un rassemblement des sociétés de l’audiovisuel public en un groupe unique, dès la rentrée 2015. « Une BBC à la française » est son leit-motiv.
La Holding supervisant les différentes entreprises de l’audiovisuel public (France Télévisions, Radio France…), envisagée depuis le début du quinquennat est actée. Cette nouvelle structure n’inclura ni la chaîne franco-allemande Arte ni la chaîne francophone TV5 Monde, dont les statuts sont particuliers.

Image à la une : (Franck Riester le 03/09 devant les journalistes de l’AJM) Photo : Clara Schmelck.

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Clara Schmelck
Clara-Doïna Schmelck, journaliste, philosophe des médias. Rédactrice en chef adjointe d'Intégrale - est passée par la rédaction de Socialter ; chroniqueuse radio, auteur, intervenante en école de journalisme et de communication (Celsa ...).

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