Les projets africains de RT France

Invitée de l’AJM mardi 28 octobre, Xenia Fedorova, patronne de la chaîne RT France, est revenue sur les rapports tendus de la chaîne avec les institutions française et a exposé les projets de développement de RT, notamment en Afrique francophone.

RT France victime de discrimination ?

Xenia Fedorova, patronne de la chaîne russe d’information en continu diffusée sur le net et sur les freebox, était l’invitée lundi 28 octobre de l’Association des journalistes médias (AJM). Pendant un petit-déjeuner tout en français, elle est revenue sur la « discrimination » dont fait selon elle l’objet la chaîne et a dévoilé des projets de croissance externe de RT en langue française.

Presque deux ans après son lancement en décembre 2017 dans l’hexagone, RT France cherche encore sa place dans le PAF. Si la dirigeante assume son rôle de « soft power » russe, – ce qui est différent estime-t-elle de « la voix du Kremlin » – elle s’étonne d’un « climat de censure » en France, « pays de la liberté et du débat d’idées ».

Lorsque l’on regarde la chaîne en continu, force est de constater que la ligne éditoriale de RT France est de présenter plusieurs points de vue sans accorder une valeur de vérité à l’un davantage qu’à un autre. Cela pose la question de savoir s’il on peut soutenir si toutes les vérités se valent, ou du moins, ou du moins si tous les discours sur les événements méritent un égal et semblable traitement médiatique.

Toujours est-il que Xenia Fedorova estime « sans verser dans la victimisation » que sa chaîne fait l’objet de mesures relevant de la discrimination. Xenia Fedorova rappelle ainsi que sa chaîne n’a pas obtenu d’accréditation pour couvrir le G7 de Biarritz fin août, alors que tous les journalistes, quelques soient les choix méthodologiques de la chaîne pour laquelle ils couvrent les événements, devraient bénéficier des mêmes droits.

Or, « Jusqu’à présent, nos journalistes n’ont eu accès ni à l’Elysée ni au ministère des Affaires étrangères « « pour des raisons politiques, je pense », glisse t-elle. « Ce ne sont pas aux représentants du gouvernement de décider qui est journaliste et qui ne l’est pas», poursuit la patronne de la chaîne.

Une question se présente : y’aura t-il des sanctions en retour pour les journalistes de France 24 en Russie ? Xenia Fedorova dit ne pas l’espérer et vouloir croire à un dégel.

Les relations institutionnelles avec RT France et l’image de la chaîne auprès des opérateurs aussi bien que de l’opinion pourraient dépendre de la décision de la plus haute juridiction française.

En juin 2018, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) avait mis en demeure pour «manquements à l’honnêteté, à la rigueur de l’information et à la diversité des points de vue» à propos d’un sujet sur la Syrie diffusé en avril, dans lequel, «contestant la réalité des attaques à l’arme chimique dans la région syrienne de la Ghouta orientale», la «traduction orale des propos tenus par un témoin syrien ne correspondait en rien à ce qu’il exprimait à l’antenne», a justifié le CSA.

RT France s’est alors défendue, plaidant que la traduction française se rapportait en fait à une autre version plus longue de la vidéo, non diffusée, et qu’il s’agissait d’une «erreur purement technique qui a été corrigée». La chaîne a porté l’affaire devant le Conseil d’État. A suivre : une audience est prévue avant la fin de l’année.

Projets en Afrique francophone

En attendant, la chaîne, dont le budget annuel s’élève à 30 millions d’euros, envisage une couverture de nuit et nourrit des projets de croissance externe en Afrique.

En perspective : la création d’un bureau de correspondants en Afrique francophone, un show, un traitement de sujets concernant l’Afrique francophone.

RT revendique une audience issue principalement des plateformes vidéo (563.000 abonnés à la chaîne YouTube de RT France) et des réseaux sociaux (134.400 abonnés Twitter ainsi que 1,14 million d’abonnés à la page Facebook de la chaîne). La chaîne précise que son audience n’est pas mesurée par Mediamétrie.

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Clara Schmelck
Clara-Doïna Schmelck, journaliste, philosophe des médias. Rédactrice en chef adjointe d'Intégrale - est passée par la rédaction de Socialter ; chroniqueuse radio, auteur, intervenante en école de journalisme et de communication (Celsa ...).

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