Baromètre Kantar-La Croix : quelle confiance envers les médias ?

Dans le 33e Baromètre de la confiance des Français dans les médias réalisé par Kantar pour La Croix, la crédibilité accordée aux différents supports et la perception de la crédibilité des médias ne sont au plus bas mais remontent lentement.

Le baromètre sur « la confiance des Français dans les médias », réalisé tous les ans par Kantar Sofres pour La Croix, et qui décrit l’évolution du rapport à l’information des Français, ainsi que la perception du traitement des principaux évènements de l’année par les médias, fait état d’un hiatus grandissant entre les citoyens et les médias.

La France est, avec le Brésil, le pays ou la défiance vis-a vis des médias d’information a le plus augmenté en un an, s’est exclamé Vincent Giret, directeur de France Info. Après une chute en 2019, la confiance envers les médias traditionnels remonte légèrement (46%, +2 points), alors qu’Internet suscite une incrédulité jamais atteinte (23%, -2 points).

L’intérêt des Français pour l’information atteint son plus bas niveau historique : 59%. Depuis le lancement en 1987 du baromètre jamais autant de personnes interrogées (41 % ; + 8 points sur un an) n’avaient assumé le fait de s’intéresser « assez » faiblement (28 %, + 4) ou « très » faiblement (13 %, + 4) aux nouvelles.

L’étude fait apparaître la conjonction de deux phénomènes comportementaux : une polarisation, voire communautarisation de la consommation de l’information ; un sentiment que les médias ne se préoccupent pas de la vie quotidienne des gens.

Ce ressenti est en grande partie l’effet de l’habitude de fréquenter les réseaux sociaux. Des groupes hermétiques se forment autour d’intérêt particuliers, accentuant un désir de ne prendre connaissance que d’événements à forte valeur de proximité sociale ajoutée.

Ainsi, en 2019, les Français jugent que les médias ont trop parlé des gilets jaunes (à 55 %),voient pas « ce dont il s’agit ») et de l’incendie de Notre-Dame (45 %). 51 % des sondés etsiment que les médias ont « trop parlé » de la fausse arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès. À l’inverse, un tiers des moins de 35 ans et un quart des employés et ouvriers ne voient « pas de quoi il s’agit ». Ceux qui en étaient informés en incombent moins la responsabilité aux journalistes (19 %) qu’aux policiers écossais (25 %) ou à un emballement médiatique et policier (61 %). Seuls 10 % (dont 16 % des partisans du RN) y ont perçu une volonté d’induire le public en erreur.

Les Français sondés repèrent moins fréquemment les infox sur Internet (59 %, -3 points), les jeunes (72 %) et les plus diplômés (67 %) en détectant davantage. Interrogés sur « les acteurs qui devraient agir contre la propagation des fausses nouvelles », les jeunes citent en premier (à 36 %) les « citoyens eux-mêmes ». L’ensemble des sondés comptent d’abord sur les journalistes (38 %, + 2) et les organismes de contrôle (36 %, +2), suivis des citoyens (29 %, -2), du gouvernement (26 %, +3), des enseignants (5 %) et des universitaires (2 %).

71 % des Français n’ont pas le sentiment que les médias rendent « mieux et davantage compte » de leurs préoccupations.

Fossé générationnel

Enfin, le fossé générationnel s’approfondit. La radio et la presse écrite, citées respectivement par 15 % et 4 % des sondés comme moyen d’accès principal à l’information, sont de plus en plus marginalisées par la télévision (48 %) et le numérique (32 %). Les plus de 65 ans optant à 65 % pour le poste de télé, tandis que les plus jeunes s’en détournent (18 % des 18-24 ans). Les chaînes généralistes restent privilégiées (29 %), mais celles d’information en continu sont aussi appréciées (19 %), notamment par les 35-65 ans.
La défiance à l’égard des médias, on s’en aperçoit tous les jours sur le terrain, et dans les réactions de nos téléspectateurs et internautes mais ce qui m’impressionne le plus, c’est le désintérêt des jeunes générations pour l’information délivrée par les médias», a déploré Valérie Nataf, directrice de la rédaction de LCI.

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Clara Schmelck
Clara-Doïna Schmelck, journaliste, philosophe des médias. Rédactrice en chef adjointe d'Intégrale - est passée par la rédaction de Socialter ; chroniqueuse radio, auteur, intervenante en école de journalisme et de communication (Celsa ...).

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