Projet Green Blood : le journalisme collaboratif en Prime Time

La série documentaire Projet “Green Blood”, en prime time sur France 5, Inde, met au jour les enquêtes de reporters assassinés ou que l’on cherche à bâillonner alors qu’ils enquêtent sur des scandales environnementaux dans le monde entier. Le sillon du journalisme collaboratif est tracé.

Le collectif Fordidden Stories réunit 40 journalistes internationaux d’une trentaine de médias et se donne pour rôle de poursuivre le travail de confrères menacés, emprisonnés ou assassinés qui enquêtaient sur des scandales environnementaux liés au secteur minier.

La force du collectif Forbidden Stories est d’avoir publié le même jour, le 17 juin 2019, l’ensemble de leurs enquêtes pour le projet « Green Blood ».

« Il s’agit d’envoyer un signal fort aux ennemis de la presse : “Même si vous tuez le messager, vous ne tuerez pas le message” », explique Laurent Richard, créateur de ce collectif, à ceux qu’il a réunis pour leur expliquer leur mission.

Depuis dix ans, enquêter sur des scandales environnementaux a coûté la vie à treize journalistes dans le monde. Parce que « la mort du messager ne doit pas arrêter le message », un consortium créé à l’automne 2017 par le Français Laurent Richard, et constitué d’une quarantaine de salariés d’une trentaine de médias internationaux (Radio France, Guardian, Le Monde…), reprend des enquêtes dont les auteurs ont été tués ou neutralisés à coups d’intimidations physiques ou judiciaires.

En Inde, au Gatememala, en Tanzanie

Sur le terrain, les reporters de Forbidden Stories rencontrent les proches, essaient de comprendre ce qui s’est passé et prennent le relais quant à ces enquêtes inachevées.

Le journaliste indien Jagendra Singh, qui dénonce, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, les policiers locaux qui l’ont frappé et aspergé d’essence avant de l’enflammer. Quinze jours après son décès, le 8 juin 2015, un rapport de police conclut à un suicide. IL se trouve que Jagendra Singh enquêtait sur l’extraction illégale de sable dans un État du nord de l’Inde, et dénonçait depuis plusieurs semaines sur sa page Facebook l’implication d’un ministre de la province dans cette exploitation minière aux effets néfastes. « Il me disait : “Personne ne se bat contre la corruption, mais moi je ne veux pas renoncer” », se souvient sa fille, dont la parole peut être largement entendue grâce à la série documentaire.

Au Guatemala, Carlos Choc menait des investigations sur la contamination d’un lac proche de la plus grande mine de nickel d’Amérique centrale. Poursuivi par les propriétaires de cette dernière, il n’a d’autres choix aujourd’hui que de vivre dans la clandestinité pour échapper à la prison.

En Tanzanie, des journalistes dont les recherches portaient sur des actes de violence et des meurtres commis par les gardes d’une mine d’or ont été menacés, censurés ou contraints à l’exil.

Projet “Green Blood”, à 20 h 50 sur France 5
French Kiss Pictures
Produit par Makever

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Clara Schmelck
Clara-Doïna Schmelck, journaliste, philosophe des médias. Rédactrice en chef adjointe d'Intégrale - est passée par la rédaction de Socialter ; chroniqueuse radio, auteur, intervenante en école de journalisme et de communication (Celsa ...).

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