France, l’été caniculaire – épisode 1

Un feuilleton au cœur de la crise

Épisode 1 « POST COVID : Le casse-tête de gestion du temps social »

Gestion du Covid-19, gestion des lits d’hôpitaux, gestion des crises internationales. Les hommes politiques volent au secours du monde. Une précipitation qui dénote une incapacité à gérer le temps social.

Tous, ils promettent des lendemains qui chantonnent. Mais, ces décideurs politiques, chef de l’exécutif en tête, oublient que juste avant il était question de gérer les entreprises au mieux quitte à licencier, de gérer la précarité sociale tout en supprimant l’ISF, d’optimiser l’enseignement en précarisant les enseignants et en diminuant l’APL, de gérer la crise des gilets jaunes, de gérer les ressources naturelles sans gérer la crise écologique, bref de faire du management. Il y avait un avant de la gestion, la question c’est maintenant : comment gérer l’après ?

Bien sûr, les planificateurs de l’administration et les investisseurs qui veulent une ligne d’horizon à l’avenir bien clair s’activent pour relancer les rouages d’une machine bien huilée où les revendications sociales sont vues comme des défauts de conception.

Juste avant eux, les Nostradamus de l’histoire rétrospective évoquaient un futur radicalement différent, les historiens plus sérieux remarquaient que rien ne changeait : ce qu’on observe, ce sont des accélérations de tendances antérieures, les épidémies en elles-mêmes ne sont pas des sources de changement.

Et encore, accélération de tendances ne signifie pas transformations immédiates : cela se déroule sur quelques années ou quelques générations.

Encore trop tôt

Il est donc aujourd’hui trop tôt pour se demander qu’est-ce qui relève de l’avant ou de l’après, on est cependant en droit de s’inquiéter de la gestion actuelle.
La question de l’avant et de l’après s’inscrit dans la ligne du temps, une question légitime est donc de comprendre comment les décideurs actuels vont prendre des décisions en tenant compte du moyen et long terme.

Et non celui du court terme, le 28 juin pour les élections municipales en France et présidentielles en Pologne, le 1er juillet pour la consultation populaire sur la réforme constitutionnelle en Russie, novembre pour les présidentielles américaines.

Pour honorer ces échéances qui se jouent sur les idées de l’avant, on a déconfiné à la va-vite. Qui propose vraiment des idées de l’après ? Elles circulent dans la société civile, mais elles sont encore absentes dans les éléments de langage des communicants des gouvernements.

Paralysies multilatérales

Il n’y a peut-être que les défenseurs du multilatéralisme qui se préoccupent vraiment de la gestion du temps. Car leurs ambitions ne s’appuient pas sur les bénéfices immédiats de négociations bilatérales vite bouclées.

On le voit avec l’Union européenne qui cherche sincèrement à se réformer et à briser certains tabous économiques ; ou avec les discussions sur la réforme de l’OMS, des diplomates ont bien identifié que des engagements financiers courts de deux ans paralysent un fonctionnement serein.

S’engager sur le temps long, c’est redonner du poids aux accords qui s’appuient sur le respect du droit, des constitutions, et des déclarations à visées citoyennes. Au contraire du temps court qui favorise les coups-bas et petites trahisons de la démagogie électoraliste.

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David Krasovec

David Krasovec

David Krasovec, Maître de conférences à l’Académie présidentielle de Russie à Moscou, est correspondant d’Intégrale en Russie

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