Quand un fait divers est traité sous l’angle des conversations auquel il donne lieu a posteriori sur les réseaux sociaux, il est couvert de manière exclusivement politique. Retour vendredi soir entre 21h et 23h place Bellecour à Lyon.
Des jeunes filles ont été prises à parti dans la soirée du vendredi 21 août à Lyon, sur la place Bellecour, par des garçons en bande. Les versions ,souligne CheckNews, la plateforme de clarification des faits de Libération.
Ces derniers les auraient lourdement interpelées et auraient réclamé leurs coordonnées Snapchat comme s’ils avaient tacitement autorité sur elles. Témoin de l’anicroche, un jeune homme de 17 ans, Augustin, tente de raisonner les garçons de la bande en les invitant à laisser les filles en paix. L’échange se serait alors envenimé. Vexée dans son orgueil, la bande agresse le jeune homme jusqu’à provoquer l’hospitalisation de ce dernier.
Focus sur l’extrême-droite
Le soir même sur Facebook, Grégoire, le grand frère d’Augustin, fait part sur Facebook de sa lecture des faits. Et le propos va au delà de l’expression d’une émotion de dégoût devant des garçons agissant sans considération aucune des limites de leurs droits. A ses yeux, les agresseurs d’Augustin sont des « racailles colorées ». Cette terminologie est celle que l’on peut retrouver dans les discussions de groupes Facebook d’extrême-droite qui établissent une relation entre les origines géographiques des délinquants et leur comportement délictueux. Elle a une connotation raciste : les bandes de jeunes incivils seraient systématiquement des jeunes descendants d’immigrés- par la troisième ou quatrième génération- nord-africains. Or, c’est inexact. Preuve en sont les comportements de bande de jeunes hommes que l’on observe dans les écoles de commerce par exemple- où la « diversité » est loin d’être surreprésentée.
Les réseaux sociaux ont vite fait dérivé l’information dans les canaux de l’extrême-droite. « L’information est rapidement reprise en l’état, comme par le compte Gossip Room qui obtient plus de 3 000 retweets. Dans la foulée, l’affaire prend un tournant résolument politique. » note encore CheckNews. Dès le lundi matin, du personnel de droite et d’extrême droite, à (Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, Julien Odoul, élu RN du conseil régional de Bourgogne Franche-Comté…) relayent l’agression dans la version rapportée par le frère d’Augustin. Selon l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, Augustin est membre du mouvement extrémiste Action Française.
Dans un article paru le 24 août et intitulé « À Lyon, l’agression d’Augustin rappelle celle de Marin et fait bondir droite et extrême droite », le Huffington Post traite ce fait divers sous l’angle de son traitement sur les réseaux sociaux.
La maladresse du titre fera réagir Twitter. Pourquoi ne pas avant tout reconnaître qu’Augustin a fait preuve de civisme en prêtant son assistance aux jeunes filles – attitude qui contraste avec le comportement irrespectueux puis délictueux des jeunes en meute ?
Dans le corps de l’article du Huffington Post, on apprend qu’aucun appel passé aux pompiers ni à la police au moment des faits,ni de la part d’éventuels témoins, ni de la victime : pourquoi ? Qu’en déduire sur la confiance des citoyens dans la capacité de la police à réagir rapidement à une agression ?
Le journal relate cette information importante au second plan pour préférer insister sur le traitement des faits sur les réseaux sociaux par des groupes d’extrême-droite.
On peut s’interroger sur le bien-fondé du titre qui fixe l’attention sur la polarisation politique à laquelle a donné lieu le fait au lieu de l’agression elle-même. Peut être parce que le journal prend sa source dans un récit publié dimanche soir sur Facebook signé Grégoire Richard, lequel se présente comme le grand frère d’Augustin.
Une enquête a été confiée par le parquet au commissariat du IIe arrondissement, qui a lancé un appel à témoins.
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