C’est la rentrée. Le travail reprend. Et si tu devenais éleveur de brebis dans le Jura ?
Beaucoup de jeunes fantasment les conversions. Mais, entre l’idée et la réalisation, le fossé est incommensurable.
On loue l’audace de cet ex-cadre supérieur de la finance accepte de diviser son salaire par quinze pour vendre des poulets fermiers bio à la campagne, des produits locaux sans gluten et en bio-dynamie.
Mais, celui ou celle qui, au bout de six mois ou un an, s’aperçoit dès la rugosité de la vie hors des grands centres urbains et regrette les conditions de travail d’un CSP++ n’a pas voix au chapitre : pas de témoignage sur les réseaux sociaux, pas d’article consacré à sa re-conversion.
L’erreur, le fait de se perdre du fait de sa propre action, est perçue comme un échec.
On valorise un individu qui change de parcours quand on suppose que ce parcours est l’effet de normes imposées par le milieu d’origine. La conversion professionnelle est alors interprétée comme un geste libératoire : « cadre dans une grande boîte après son école de commerce, elle est devenue ostréicultrice. »
En revanche, celui ou celle qui voudrait parler de ses propres erreurs est tenu(e) relativement à l’écart des formats vidéos de témoignage (Brut;Loopsider…) et des portraits dans la presse écrite.
L’erreur, le désir de retour en arrière, le remords, restent tabou. Le témoignage de retour d’expérience ne doivent pas ou très peu intégrer de tels sentiments.
Dommage, car les récits d’erreur pourraient bien rendre service aux plus jeunes, qui ont à construire leur vie professionnelle.


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