La fin annoncée de la redevance inquiète les médias audiovisuels publics : quelles seront leurs sources de financement durable ? Pourront-ils maintenir pleinement des lignes éditoriales indépendantes du pouvoir politique en place ?
« Grand bien vous fasse » (France Inter), « L’esprit public » (Fŕance Culture), « Envoyé spécial » (Fŕance 2), les reportages et débats de Fŕance 5 et de RFI, « Le dessous des cartes » (Arte)…vont-ils bientôt disparaître d’un PAF de plus en plus aménagé par les émissions des chaînes privées ?
Samedi 23 juillet 2022, les députés approuvent la suppression de la redevance audiovisuelle, en adoptant l’article premier du projet de loi de finance rectificative, par 170 voix contre 57.
Les médias publics, indépendants à la fois du pouvoir politique, des actionnaires privés mais aussi des groupes d’intérêts particuliers, se trouvent fragilisés par la suppression de la redevance audiovisuelle.
La TVA à la place de la redevance
Alors certes, l’audiovisuel public ne se retrouve pas sans ressources, puisque les 3,7 milliards d’euros collectés par la redevance seront désormais prélevés sur les recettes de la TVA.
En outre, sur proposition du député LREM Quentin Bataillon, un amendement prévoit que le budget des diverses chaînes publiques audiovisuelles soit désormais décidé tous les cinq ans et non plus tous les trois ans dans le cadre du plan objectif et moyens (COM) de chaque groupe audiovisuel public.
Néanmoins, les dirigeants des entreprises de l’audiovisuel public (France Télévisions, Radio France, Arte, TV5 Monde, INA, France Médias Monde), s’inquiètent sur leur financement et leur indépendance à plus long terme.
Introduite en France en 1933 pour financer la radio publique et étendue en 1949 à la télévision. Aujourd’hui, 91% des foyers français restent équipés d’un téléviseur.
Menace sur l’indépendance des médias publics ?
Il est à craindre que la redevance ne devienne une variable d’ajustement dans le budget de l’État : le ministère de l’économie a le pouvoir de diminuer les crédits en fonction des aléas économiques, ou même de désaccords politiques avec la ligne éditoriale de tel ou tel média public.
C’est pour cela que les salariés ont fait grève et manifesté le 28 juin dernier, et que se multiplient les tribunes dans la presse appelant à défendre l’avenir de la télé et de la radio publique. La redevance finance 87 % du budget de France Télévisions, 86 % de celui de Radio France…
« Vous venez de signer l’arrêt de mort d’un audiovisuel public indépendant dont bénéficient 67 millions de français.es. Bravo. » s’exaspère la spécialiste des médias Julia Cagé dans un tweet, avant de proposer des solutions visant à améliorer et non casser notre contribution commune à l’information :
« Pourtant il y avait une alternative : remplacer la redevance par une contribution progressive Pour garantir l’indépendance et la justice sociale. »


Derniers articles parClara Schmelck (voir tous)
- L’UE veut mieux protéger les espaces informationnels démocratiques - 1 juin 2023
- Liberté de la presse : le « Projet Rafael » de Forbidden Stories - 5 mai 2023
- La crise de la communication militante - 1 mai 2023
- Rima Abdul Malak interpelée à la nuit des Molières - 25 avril 2023
- Et cette image, est-ce une IA ? - 16 avril 2023