– Édito –
La rentrée 2022 est une rentrée bien triste.
Avec une pénurie inédite de professeurs, les craies crissent au tableau à en faire sursauter la France entière. Les hussards noirs de la République sont traités comme de vulgaires gardiens d’enfants, sous-payés, embauchables au rabais sur « Le Bon Coin » comme n’importe quel prestataires journaliers ou presque. Tout cela risque de finir par la multiplication de classes surchargées dans lesquelles un « job dating prof » se contentera d’allumer un ordinateur pour projeter un cours tout fait sur grand écran.
Avant cela, les signes d’un mauvais climat social, orageux de jalousies et de ressentiment, se dont fait voir : l’été a été jalonné de débats sociaux nauséabonds.
Les étudiants, qui refusent de travailler comme saisonniers tout l’été à l’autre bout du pays sans solutions d’hébergement, doivent souffrir plus que nous au même âge. Pas question d’améliorer et d’adapter les conditions de l’emploi saisonnier au rythme et aux contraintes de ces jeunes majeurs.
Puis, on se mis à jeter les pires soupçons sur les allocataires de l’ARS, l’allocation de rentrée scolaire qui permet aux enfants de ne pas subir le manque de rentrée d’argent de leurs parents. Les adultes fileraient au rayon alcool dès réception de l’ARS, nous affirme un auditeur sur RTL. Non seulement les plus démunis ont une mauvaise hygiène de vie, mais en plus, ils ne voient leur progéniture que comme une mane. Au bords de leur piscine, des privilégiés s’étranglent avec le glaçon de leur rosé, oubliant, au delà des préjugés, que l’allocation versée n’est pas fléchée.
Enfin, Twitter, las de l’ARS, fut, fin août, repu par les vidéos de la prison de Fresnes. La séance de Karting visant à la réinsertion n’a pas été appréciée ni sur les réseaux sociaux, ni du côté des commentateurs de plateau télévisé. Les détenus n’endurent pas de conditions assez dures. Il faut qu’ils souffrent, et que surtout, la société à l’extérieur, puisse voir les détenus souffrir en étant alimentée d’images garantissant les conditions indignes de détention : cafards et rats, cellules surchargées, manque d’eau. On peut discuter de la pertinence de cette activité Karting dans une prison, mais tout en s’interrogeant sur les meilleures solutions possibles de socialisation des détenus.
Ce qui est inquiétant, c’est de voir une partie de la société, active sur les réseaux sociaux, réclamer de voir, en continu, la souffrance des autres : les étudiants, les parents démunis, les détenus… et les profs, dont personne n’a l’air de comprendre la difficulté croissante des conditions d’exercice.


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