A compter de ce soir, la nuit s’épaissit à l’écart des lumières de la ville.
La métropole n’existe plus; ne reste que des foyers familiaux où se calfeutre le quotidien empesté de secrets.
Un des rares espaces de parole en commun autorisé est Twitter. C’est ici que va et vient une faune indéterminée, des journalistes, des étudiants, des profs, des policiers, des indépendants; des « gauchiasses » et des « complotistes » claquent la porte (ils se « bloquent » réciproquement), lèvent la voix (threadent », rient de bon cœur à un jeu de mot (retweetent).
#apero, #couvrefeu…#etudiantsfantomes : en précédant le nom des soucis qui nous accaparent par des mots-dièses, nous procédons à des appels au secours qui sont à la mesure de la situation que nous vivons tous. Au secours de notre lassitude qui s’allonge alors que les heures de sortie s’avancent.
Et, à bien y observer, Twitter joue un rôle de mixité sociale pendant ce confinement ou nous sommes plus séparés les uns des autres que jamais.
Twitter donne l’occasion de voir des messages (tweets) en fonction de centres d’intérêts précis (classification algorithmique par hashtags). Cela nous permet non seulement de ne pas être tenu à l’écart de la marche du monde, mais encore de fixer notre intérêt sur des sujets qui a priori de Twitter ne retenait pas notre attention.
Enfin, il faut imaginer Twitter comme un café que tous les Français pourraient fréquenter, libérés de la barrière de l’éloignement géographique et de celles des codes sociaux. celle un café Le hashtag traverse les catégories sociales, les groupes affinitaires et les générations. Quand la joute verbale ne se prolonge pas en harcèlement en ligne, elle nous permet de prendre conscience de réalités que nous ignorions.


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